The Survival of Sunja: Rencontre avec le réalisateur Yoon Sung-Eun

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« Avoir du courage, vivre une belle vie pour faire aussi face à une belle mort» Réalisateur Yoon Sung-Eun

Le réalisateur Yoon Sung-Eun prépare son troisième court-métrage, The Survival of Sunja, mettant en scène les acteurs vétérans Lee Joo-Sil (Dernier Train pour Busan, The Uncanny Counters), Kim Seon-Hwa (Notebook From My Mother, Time to Hunt) et Lee Sang-Hee (Squid Game, Adulting at 18; cliquez ici pour mon interview avec l’acteur Lee Sang-Hee et ici pour mon interview avec la réalisatrice de Adulting at 18 Joo Young).
Encore en cours de post-production, le cinéaste nous met en haleine lors de cette interview, avec un film qui semble unique et prenant : The Survival of Sunja raconte la mort et la peur qu’elle suscite, mais délivre un message, une philosophie et une leçon importantes : « Tout le monde s’éteint un jour, c’est inévitable. Mais il ne faut pas gâcher sa vie à y penser constamment, même pour les personnes âgées. Il faut profiter, ne pas avoir peur et faire face avec courage. En quelque sorte, si on parvient à avoir une belle vie, cela peut conduire à une belle mort.»

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits

Les mots du réalisateur résonnaient dans ma tête alors que nous discutions dans ce café tranquille de Séoul, et parcourions ensemble son enfance, sa carrière, ses rêves, son film et sa philosophie derrière celui-ci.

L’interview

Marion Pichardie : Pourriez-vous nous faire part de votre parcours ?

Yoon Sung-Eun : Lorsque j’étais jeune, ma famille et moi regardions un programme tous les samedis. Etant donné qu’à l’époque il n’y avait pas d’ordinateur et que louer des films était cher, je les enregistrais sur des cassettes. Je voulais vraiment faire du cinéma, puis un jour j’ai vu Braveheart. La dernière scène du film m’a étonné et donné des frissons. Je me suis dit que je pouvais moi aussi donner ce genre d’émotions aux gens. Mais je n’avais absolument aucune idée de comment devenir réalisateur. Alors je développais mon amour pour le cinéma en regardant encore et encore mes cassettes enregistrées.

Affiche de Braveheart, Paramont Pictures

Pendant mes deux ans de service militaire, j’ai réfléchi à ma vie, à quoi faire après. Et la réponse a été de plus en plus claire : du cinéma.

Finalement, j’ai fait une formation sur les ordinateurs, que j’ai changé pour apprendre le Japonais. J’avais plein de petits boulots, rien n’était très fixe.

Ce que je voulais, c’était entrer dans l’une des meilleures universités de cinéma et médias. En même temps, j’écrivais mon premier scénario. J’ai aussi participé à différents clubs de films amateurs.

Puis, je suis entré chez Hommage Pictures (lien Youtube en bas de page). Ce sont des réalisateurs qui s’entraident. J’ai appris le cinéma grâce à eux. J’ai aussi changé de rêve : je ne voulais plus entrer dans ces universités mais plutôt réaliser des longs-métrages indépendants avec ces autres réalisateurs.

The Survival of Sunja est mon troisième court-métrage. J’espère que le prochain projet sera un long métrage.

Le logo de Hommage Pictures, Libre de droits

MP : Le thème de la mort et notre capacité à faire face à cette dure réalité qui nous confrontera tous un jour est un sujet dur et profond. Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ? Est-elle reliée, par exemple, à un événement que vous avez personnellement vécu ?

YSE : Quand j’étais jeune, j’allais à l’église avec mes parents. Le prêtre parlait toujours de la mort, mais il disait aussi qu’il ne fallait pas avoir peur, que c’était Dieu qui nous appelait. J’ai entendu ça depuis l’enfance. Puis un jour, je suis allé à mon premier enterrement alors que j’étais encore un petit garçon. Et en fait, c’était très différent de ce que le prêtre nous avait toujours dit. La mort en vrai était très triste. Et à partir de là, même jusqu’à maintenant, mourir m’a effrayé.

Cependant, je pense qu’il est important de profiter, d’avoir une belle vie. De ne pas constamment penser à la mort. Même pour les personnes âgées. Car quoi qu’il en soit, c’est inévitable. Tout le monde va mourir un jour, il n’y a aucune exception. Donc il faut y faire face avec courage. Par contre, je ne dis pas non plus que « la mort c’est bien. »

En écrivant le scénario de The Survival of Sunja, j’ai un peu changé ma perception. J’avais moi-même moins peur par la suite. Je voudrais dire à travers le film : « Ayez du courage, ne vous laissez pas contrôler par la peur de la mort, alors que vous êtes en train de vivre votre vie. ll faut bien la vivre, et avoir une « belle mort. » »

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits

MP : L’histoire se déroule dans un village rural et fera donc découvrir aux spectateurs l’ambiance et la vie dans la campagne Coréenne. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette atmosphère, ambiance et esthétique du film ?

YSE : L’histoire générale de The Survival of Sunja est le fait que, dans ce village rural, quand un bébé naît, une personne âgée meurt le même jour. Ce qui représente le cycle de la vie. Étant une histoire un peu irréelle, on avait besoin d’un endroit qui s’adapte à ça. Un village qui aurait l’air ancien et traditionnel.

Dans ce film, il est donc fermé, déconnecté du reste du monde. Les habitants sont vieux, et on ne montre jamais de nouvelles technologies, même pas un nouveau réfrigérateur.

MP : Qu’est-ce qui vous a plu chez les acteurs Lee Joo-Sil, Kim Seon-Hwa et Lee Sang-
Hee, et dans leurs représentations des personnages ?
YSE : En ce qui concerne l’actrice Lee Joo-Sil, qui joue le personnage de Sunja, j’ai pensé qu’elle était parfaite car elle connaît déjà, selon moi, le concept de la « bonne mort ». À cause du cancer qu’elle a eu, elle a connu cette peur de mourir. Je la voulais vraiment dans mon film. J’ai eu de la chance qu’elle accepte.

L’actrice Lee Joo-Sil

En ce qui concerne Kim Seon-Hwa, c’est en fait Lee Joo-Sil qui me l’a recommandée. Elles avaient déjà travaillé ensemble par le passé. Son personnage Mal-Sook, est un peu une personnification de notre société en général, de l’état d’esprit des gens. C’est aussi plus ou moins la méchante de l’histoire. Cependant, on « comprend » ses réactions.

 

L’actrice Kim Seon-Hwa

Enfin, pour le personnage de Lee Sang-Hee, j’ai choisi avec attention. Il n’est pas l’acteur principal mais son rôle est l’un des piliers du film. Il s’agit du chef de village à l’humour noir. Le sujet étant très lourd, je ne voulais pas sélectionner un acteur sur une plate-forme par exemple, je voulais quelqu’un de plus célèbre et expérimenté. L’âge de Lee Sang-Hee correspondait aussi, je l’ai donc contacté.

l’acteur Lee Sang-Hee, libre de droits

MP : Depuis quand souhaitiez-vous réaliser ce film et raconter cette histoire ?

YSE : Il y a deux ans et demi, j’ai commencé à réfléchir à ce film. Puis l’année dernière, nous l’avons développé. Cette année, nous avons reçu des fonds du KOFIC (Korean Film Council), et le tournage s’est déroulé cet été.

MP : Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors du tournage et du processus pré-production ?

YSE : Quand j’ai commencé le tournage, je pensais que tout était fin prêt. Finalement, ce n’était pas du tout le cas ! C’est un regret, mais c’est aussi une compétence sur laquelle j’essaie de travailler en tant que réalisateur : toujours trouver des solutions aux imprévus.

Une autre difficulté concernait aussi la maison que nous avions trouvé pour Sunja. Le propriétaire est décédé seulement quelques jours avant le tournage. Tout le monde était paniqué. Nous avons rapidement dû chercher un autre lieu. Heureusement, ma famille étant de Ganghwado, le problème a été résolu plus rapidement.

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits

MP : Le cinéma Coréen gagne de plus en plus l’attention du public international. Avec votre travail, que souhaitez-vous y apporter ?

YSE : Les gens montrent effectivement beaucoup d’intérêt pour la culture Coréenne. Cependant, énormément de contenus se déroulent dans les villes. Donc en ce qui me concerne, je voudrais montrer la vie rurale d’avantage, celles des personnes âgées aussi. Je souhaiterais apporter d’autres émotions et visions, et attirer les gens dans la campagne. Même les jeunes Coréens ne connaissent en général pas bien ce côté-là de notre pays.
MP : Pour nos lecteurs, quand pensez-vous qu’ils puissent découvrir votre film et où ?
YSE : J’espère le finir au plus tard début 2024 et le présenter dans plusieurs festivals. Notamment le Festival International du Film de Busan. J’espère que vous pourrez le découvrir dans ces événements, et plus tard peut-être sur les plates-formes de streaming. Mais il est encore un peu tôt pour le savoir.
Découvrez la chaine Youtube de Hommage Pictures ici  

Le réalisateur et moi-même lors de l’interview

Marion Pichardie

Fondatrice de Bokjoo Nabi

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