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« Avoir du courage, vivre une belle vie pour faire aussi face à une belle mort» Réalisateur Yoon Sung-Eun

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits
Les mots du réalisateur résonnaient dans ma tête alors que nous discutions dans ce café tranquille de Séoul, et parcourions ensemble son enfance, sa carrière, ses rêves, son film et sa philosophie derrière celui-ci.
L’interview
Marion Pichardie : Pourriez-vous nous faire part de votre parcours ?

Affiche de Braveheart, Paramont Pictures
Pendant mes deux ans de service militaire, j’ai réfléchi à ma vie, à quoi faire après. Et la réponse a été de plus en plus claire : du cinéma.
Finalement, j’ai fait une formation sur les ordinateurs, que j’ai changé pour apprendre le Japonais. J’avais plein de petits boulots, rien n’était très fixe.
Ce que je voulais, c’était entrer dans l’une des meilleures universités de cinéma et médias. En même temps, j’écrivais mon premier scénario. J’ai aussi participé à différents clubs de films amateurs.
Puis, je suis entré chez Hommage Pictures (lien Youtube en bas de page). Ce sont des réalisateurs qui s’entraident. J’ai appris le cinéma grâce à eux. J’ai aussi changé de rêve : je ne voulais plus entrer dans ces universités mais plutôt réaliser des longs-métrages indépendants avec ces autres réalisateurs.
The Survival of Sunja est mon troisième court-métrage. J’espère que le prochain projet sera un long métrage.

Le logo de Hommage Pictures, Libre de droits
MP : Le thème de la mort et notre capacité à faire face à cette dure réalité qui nous confrontera tous un jour est un sujet dur et profond. Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ? Est-elle reliée, par exemple, à un événement que vous avez personnellement vécu ?
YSE : Quand j’étais jeune, j’allais à l’église avec mes parents. Le prêtre parlait toujours de la mort, mais il disait aussi qu’il ne fallait pas avoir peur, que c’était Dieu qui nous appelait. J’ai entendu ça depuis l’enfance. Puis un jour, je suis allé à mon premier enterrement alors que j’étais encore un petit garçon. Et en fait, c’était très différent de ce que le prêtre nous avait toujours dit. La mort en vrai était très triste. Et à partir de là, même jusqu’à maintenant, mourir m’a effrayé.
Cependant, je pense qu’il est important de profiter, d’avoir une belle vie. De ne pas constamment penser à la mort. Même pour les personnes âgées. Car quoi qu’il en soit, c’est inévitable. Tout le monde va mourir un jour, il n’y a aucune exception. Donc il faut y faire face avec courage. Par contre, je ne dis pas non plus que « la mort c’est bien. »
En écrivant le scénario de The Survival of Sunja, j’ai un peu changé ma perception. J’avais moi-même moins peur par la suite. Je voudrais dire à travers le film : « Ayez du courage, ne vous laissez pas contrôler par la peur de la mort, alors que vous êtes en train de vivre votre vie. ll faut bien la vivre, et avoir une « belle mort. » »

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits
MP : L’histoire se déroule dans un village rural et fera donc découvrir aux spectateurs l’ambiance et la vie dans la campagne Coréenne. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette atmosphère, ambiance et esthétique du film ?
Dans ce film, il est donc fermé, déconnecté du reste du monde. Les habitants sont vieux, et on ne montre jamais de nouvelles technologies, même pas un nouveau réfrigérateur.

L’actrice Lee Joo-Sil
En ce qui concerne Kim Seon-Hwa, c’est en fait Lee Joo-Sil qui me l’a recommandée. Elles avaient déjà travaillé ensemble par le passé. Son personnage Mal-Sook, est un peu une personnification de notre société en général, de l’état d’esprit des gens. C’est aussi plus ou moins la méchante de l’histoire. Cependant, on « comprend » ses réactions.

L’actrice Kim Seon-Hwa
Enfin, pour le personnage de Lee Sang-Hee, j’ai choisi avec attention. Il n’est pas l’acteur principal mais son rôle est l’un des piliers du film. Il s’agit du chef de village à l’humour noir. Le sujet étant très lourd, je ne voulais pas sélectionner un acteur sur une plate-forme par exemple, je voulais quelqu’un de plus célèbre et expérimenté. L’âge de Lee Sang-Hee correspondait aussi, je l’ai donc contacté.

l’acteur Lee Sang-Hee, libre de droits
MP : Depuis quand souhaitiez-vous réaliser ce film et raconter cette histoire ?
YSE : Il y a deux ans et demi, j’ai commencé à réfléchir à ce film. Puis l’année dernière, nous l’avons développé. Cette année, nous avons reçu des fonds du KOFIC (Korean Film Council), et le tournage s’est déroulé cet été.
MP : Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors du tournage et du processus pré-production ?
YSE : Quand j’ai commencé le tournage, je pensais que tout était fin prêt. Finalement, ce n’était pas du tout le cas ! C’est un regret, mais c’est aussi une compétence sur laquelle j’essaie de travailler en tant que réalisateur : toujours trouver des solutions aux imprévus.

The Survival of Sunja, Hommage Pictures, Libre de droits
MP : Le cinéma Coréen gagne de plus en plus l’attention du public international. Avec votre travail, que souhaitez-vous y apporter ?

Le réalisateur et moi-même lors de l’interview